L'atelier de modèle vivant du vendredi avec Maud !

Souffrant d'une sciatique, Maud, notre sculpturale modèle d'hier, a eu des difficultés à tenir la pose.
Quand le modèle bouge, il est tentant de le blâmer et le rendre responsable de l'échec d'une peinture... mais un peintre doit être capable de peindre quelque chose d'à peu près correct en toute circonstance.
Face à ce type de situation, il faut se rappeler que :
- Qu'un modèle est un être vivant et non un animal empaillé 
- Travailler dans des conditions idéales est rarissime ! En réalité, le peintre doit composer la plupart du temps avec une longue liste de problèmes (mauvaise luminosité, matériel oublié, défectueux, absence de recul, mal de dos, vent, pluie, froid, etc.)
- S'exercer dans des conditions problématiques est certes pénible mais très formateur. Le peintre doit développer un sens pragmatique, essuyer de nombreux échecs et persévérer. Cela est difficile sans une volonté en béton armé ! Un peintre trop facilement bloqué par quelques contrariétés va désespérer très rapidement.
- Une solution consiste à esquisser rapidement l'ensemble avec la brunaille puis à finaliser rapidement des parties qui apparaissent immobiles. Bien entendu, il faut savoir parfois effacer une jambe qui aurait bougé et la recommencer, tout en veillant à ce que l'ensemble n'apparaisse pas comme étant désarticulé.

Maud, pose de 2h30, oil on paper

Le conseil du jour :
Attention aux valeurs trop claires dans les zones d'ombre et aux valeurs trop sombres dans les zones lumineuses ! Le coup du blanc d’œil est un grand classique :

Je ne veux pas omettre un autre avertissement, nécessaire aux commençants. Ils tombent tous dans le défaut de faire le blanc des yeux trop blanc; je les invite à comparer attentivement cette partie avec celles des brillantes lumières des chairs; ils verront bientôt combien le blanc de l'oeil leur paraitra moins lumineux, à moins qu'on fasse lever les yeux au ciel; et même encore, dans cette situation, la cornée opaque ou le blanc de l’œil ne reçoit pas autant de lumière que les chairs. On y voit, à la vérité, un luisant blanc très-vif, comme on le voit à tous les corps sphériques qui sont mouillés ou polis; mais ceci n'est qu'accidentel, comme est le point blanc visuel; car, faites-y bien attention, la couleur locale du blanc de l'oeil est, de sa nature, ou d'un blanc bleuâtre, ou jaunâtre, ou verdâtre, ou, dans de certains cas, rougeâtre; mais jamais d'un blanc pur.
Il y a plus : dans le regard ordinaire, les cils etl'épaisseur de la paupière supérieure ombragent beaucoup le blanc de l’œil, et en outre la forme sphérique de l’œil y établit nécessairement des ombres, comme à tous les corps tournants. D'après cela, il serait ridicule de faire le blanc des yeux d'un blanc pur comme des coquilles d'oeufs.

MPL Bouvier

La motivation du jour : 
(à propos du modelé et de la peinture en général)
Tout cela ne s'apprend pas en un jour; il faut en toutes choses acquérir de l'expérience. Mais qu'on ne s'effraie pas trop des difficultés que ce travail parait présenter à la simple description, car il s'exécute plus promptement et plus aisément qu'on ne peut le décrire, quand une fois l'on a acquis quelque habitude; l'on peut dire même qu'on opère sans avoir l'air d'y penser, de telle sorte que l'artiste fait tout cela sans interrompre la conversation avec son modèle, tout en portant son attention à la recherche du ton vrai, ainsi qu'à ce qui concerne les formes, l'expression, la ressemblance, etc. Il faut qu'un élève se dise bien à lui-même : D'autres que moi ont vaincu ces difficultés, je puis donc et je veux les vaincre de même. Avec une forte volonté et une détermination énergique et invariable l'on vient à bout de tout, surtout si la nature nous a doué de quelque disposition pour la peinture.
MPL Bouvier

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